[Entretien] « Pressing, sorties de balle, déséquilibre : mes trois piliers », Pierre Sage raconte sa philosophie de jeu | OneFootball

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·12 Agustus 2025

[Entretien] « Pressing, sorties de balle, déséquilibre : mes trois piliers », Pierre Sage raconte sa philosophie de jeu

Gambar artikel:[Entretien] « Pressing, sorties de balle, déséquilibre : mes trois piliers », Pierre Sage raconte sa philosophie de jeu

Fraîchement arrivé sur le banc du RC Lens après le départ de Will Still, Pierre Sage prend ses marques et façonne déjà le jeu artésien. Au Saint George’s Park de Birmingham, il dévoile sa vision et ses méthodes. Première partie de l’entretien.

Lensois.com : Pierre Sage, sentez-vous vos joueurs réceptifs à ce que vous demandez à votre projet ? Et apercevez-vous ce que vous voulez réellement voir au sein de votre équipe ? Il n’y a pas de loup entre ce qu’on m’a annoncé, ce que j’avais analysé et comment ça se passe, que ce soit en termes d’effectif, en termes de valeur humaine de l’effectif et de capacité de l’effectif à digérer et à mettre en pratique des choses. Il y a un potentiel d’apprentissage qui est important dans cet effectif-là, il y a un potentiel de développement qui est, selon moi, aussi important, pour deux raisons. Parce que si je devais déjà diviser l’effectif en trois, en disant qu’il y a plutôt des joueurs qui ont une carrière derrière eux, qui ont pas mal d’expérience… Ces joueurs-là, justement, ils ont une base et ils ont une expérience commune qui a fait, à un moment donné, que lorsqu’ils ont joué en équipe, notamment avec Franck Haise, ça avait très bien marché. Donc c’est un discours qui leur parle et ils se font très bien le relais de ces choses-là.


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Ensuite, et à l’autre extrémité, il y a les jeunes. Ils sont toujours dans une quête, à la fois de se dire j’ai une opportunité et je veux asseoir ma situation. Mais ils ont aussi une formation derrière eux qui leur donne des arguments, et ils ont un talent qui leur donne aussi des arguments. Donc l’alliage de ces différentes choses et de leur manière de gérer ces aspects fait, à un moment donné, qu’ils sont à la fois impliqués dans ce qu’on propose, mais aussi en mesure de mettre en pratique rapidement des choses, parce qu’ils ont été baignés là-dedans depuis des années.

Et le troisième groupe ? Il s’agit de ceux qui sont entre les deux générations, ce sont des joueurs qui ne sont pas encore tout à fait aguerris, mais qui ont déjà entre 50 et 100 matchs en Ligue 1 ou Ligue 2. Et ces joueurs-là, l’idée, c’est d’aller les chercher sur leur développement individuel. Ça leur permet de gagner du temps de jeu, d’avoir des perspectives individuelles rapides et à plus long terme qui sont donc plutôt positives. Et dans ce sens, ils ont aussi tout intérêt à adhérer et à suivre le cheminement. Ça globalise une adhésion et, du coup, ça nous facilite notre travail.

Et après, c’est une question de posture aussi, c’est-à-dire que je ne suis pas arrivé avec mes gros sabots et avec la volonté d’imposer des choses. J’ai quand même pris en compte ce qui s’était fait avant. J’ai respecté l’organisation qui avait été celle du club depuis des années, celle qui avait conditionné la construction de l’effectif. Et ensuite, les principes qui sont les miens s’adaptent assez facilement à ces choses-là. Je les ai un peu teintés pour qu’ils correspondent aussi à l’ADN, à la fois du club et à la capacité de cet effectif-là.

Donc, on arrive à un point où tout est beau. Et maintenant, ce beau paquet, ce beau modèle, il faut arriver à l’opérationnaliser chaque jour et faire en sorte qu’il apparaisse le plus possible dans nos séances et dans nos matchs. Et dans tous les cas, ce qui est intéressant, c’est de voir la progression, qui est plutôt linéaire pour le moment. Je sais qu’elle ne restera pas linéaire. Mais dans tous les cas, que les intentions restent les mêmes. Parce que si on prend notre début de match, par exemple, contre le Standard de Liège, où c’est catastrophique, on est mené 2-0 en 5 minutes, l’équipe est restée dans l’idée de jouer, d’appliquer les décisions collectives qui avaient été prises. Si on arrive à être imperméable au mauvais moment et à rester nous-mêmes, à garder cette identité, je pense qu’effectivement, dans le temps, on va la voir de plus en plus émerger, se stabiliser. Et ensuite, on pourra la développer.

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«On m’a présenté un tout qui m’avait l’air complètement cohérent et pertinent»

Ça vous motivé à rejoindre ce projet de savoir qu’il y a une base de joueurs capables de répondre aux défis physiques et tactiques que vous allez imposer ? Oui, c’est exactement ça. Moi, ce que j’ai beaucoup aimé dans ce projet, c’est la cohérence et la pertinence. On ne m’a pas annoncé qu’il fallait développer l’ensemble de l’effectif. On ne m’a pas annoncé qu’on allait fonctionner essentiellement avec du recrutement, alors qu’il y a beaucoup d’investissement sur la formation. On m’a présenté un tout qui m’avait l’air complètement cohérent et pertinent.

Après, c’était une phase d’échange, c’était une phase de projection. Mais à partir du moment où on a été dans l’action, ces choses-là se sont confirmées. Aujourd’hui, on agit sur la réduction de l’effectif et sur le recrutement. Mais dans le recrutement, on prend en compte les trajectoires des jeunes joueurs. Selon moi, ce n’est pas bien ou mal. Les choses qui marchent à Lens peuvent très bien marcher ailleurs. Mais à l’inverse, les choses qui marchent à Lens ne marchent pas ailleurs non plus. L’important, c’est de savoir ce qu’on fait et d’orienter les choses d’une certaine manière. Aujourd’hui, on est dans une forme de logique par rapport à ce qui est annoncé, ce qui est fait et comment l’effectif se construit. Je suis assez content d’être dans un club où on sait pourquoi on agit tous les jours. Et où on a une communication qui est assez claire en direction de l’environnement là-dessus. Parce que, du coup, ça ne surprend pas non plus les gens. Ils savent ce qu’on fait, ils savent comment on veut y arriver.

Elle vous vient d’où cette affection pour le jeu, le pressing, le jeu porté vers l’avant ? C’est une forme d’intensité peut-être encore supérieure à ce qu’on peut voir en moyenne en Ligue 1… C’est très philosophique (sourire) ! J’avais besoin de savoir, pour moi, ce qu’était ce sport. Il y a deux équipes : il y a celle qui joue et il y a celle qui court. Et j’aime mieux être la première. Et donc, je me suis dit : aujourd’hui, quand tu regardes ton équipe, qu’est-ce qui te plaît le plus ? Ce sont les moments où on a le ballon. Pour d’autres coachs, c’est autre chose. Moi, c’est ça. Et le meilleur moyen d’avoir le ballon, c’est que, quand on le perd, on doit le récupérer le plus vite possible avant de mieux l’exploiter pour se créer un maximum d’opportunités et gagner le match. À partir du moment où ces éléments philosophiques ont été assez clairs pour moi, il a fallu les décliner en principes et en convictions. Donc, c’est là où mes trois piliers arrivent : le pressing, les sorties de balle pour mieux posséder le ballon dans le camp adverse et le déséquilibre. Et à partir du moment où ces choses-là sont assez claires et guident l’ensemble du processus, il y a différentes manières ensuite de l’opérationnaliser. Et moi, je me retrouve dans cette idée qu’il faut qu’on s’entraîne dans les conditions qui sont les plus proches de la compétition pour favoriser les transferts de l’entraînement à la compétition. Et la compétition, lorsqu’elle se joue, c’est avec beaucoup d’intensité : de l’intensité émotionnelle, de l’intensité décisionnelle, de l’intensité athlétique. Il faut que le système d’entraînement ressemble à ça. Et je me suis ensuite ouvert à des courants qui favorisaient au départ ces choses-là et j’ai essayé de les transformer pour les optimiser. Aujourd’hui, je pense qu’on a un système d’entraînement qui tend vraiment à nous aider à atteindre ce type de rendu.

Est-ce que vous vous êtes inspiré aussi d’autres disciplines sportives pour affiner tout ça ou en tout cas compléter ce que vous avez en tête ? Ça m’intéresse. En plus, j’ai une formation au départ STAPS qui est assez ouverte à plein de disciplines. Mais, pour autant, je suis quand même très spécifique foot. Mes plus grandes recherches et mes plus grands vols, parce qu’il y a eu beaucoup de vols d’idées, se sont situés chez des entraîneurs de football et dans des méthodologies de football. Il y a une telle spécificité dans notre activité qu’on peut s’inspirer d’autres choses, mais on est obligé de les passer dans les filtres de cette activité qui est particulière et singulière. D’ailleurs, c’est la seule activité où on utilise le même outil pour jouer avec le ballon et se déplacer : les jambes et les pieds. Et c’est dans ce sens que c’est un sport qui est très compliqué. Donc, c’est pour ça que, pour moi, oui, on peut s’inspirer de choses, mais on est obligé de les transformer.

Entretien mené par Eloïse De Mester. Seconde partie, dédiée au développement des jeunes joueurs, disponible à 18h sur Lensois.com.

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