Portrait : Chancel Mbemba au LOSC, « l’erreur de l’OM » chez les Dogues | OneFootball

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Le Petit Lillois

·3 settembre 2025

Portrait : Chancel Mbemba au LOSC, « l’erreur de l’OM » chez les Dogues

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Libre de tout contrat depuis le 30 juin 2025, Chancel Mbemba a signé ce lundi un contrat d’un an dans le Nord de la France. Entre expérience, agressivité positive et apport offensif, portrait de la nouvelle recrue du LOSC.

Né le 8 août 1994 à Kinshasa, Chancel Mbemba est l’aîné d’une fratrie de neuf enfants. Sa mère, Antoinette, ancienne basketteuse internationale, a porté les couleurs de la République démocratique du Congo. Très tôt, c’est pourtant vers le football que Chancel se tourne. Dans un documentaire retraçant son parcours, il confie : « Tout a commencé au quartier, j’ai commencé à jouer à 5 ou 6 ans. » Contre toute attente, le futur défenseur débute sa jeunesse en tant qu’attaquant. Son style spectaculaire, inspiré de joueurs comme Ronaldinho, agace parfois ses aînés. Un ami raconte avec le sourire une anecdote marquante : « Quand il était jeune, Chancel jouait devant. Un jour, il a osé un passement de jambes sur un ancien qui, furieux, lui a jeté une pierre. Il n’a pas pu rejouer au foot pendant plus d’un an. »


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Alors qu’il suit une formation en électricité, le jeune Congolais envisage d’interrompre ses études. La raison est simple : les frais de scolarité, appelés minervals, pèsent lourdement sur les finances familiales. Aîné de la fratrie, il pense alors à sacrifier son propre parcours pour aider ses frères et sœurs : « Au Congo, tu dois payer les minervals pour aller à l’école. Comme on n’avait pas beaucoup de moyens, je voulais arrêter l’école pour contribuer à la scolarité de mes frères et sœurs. Je me suis dit qu’il fallait investir tout dans le don que Dieu m’a donné : le football. » D’abord opposé à ce choix, son père finit par s’ouvrir à l’idée. Convaincu que son fils possède un véritable talent, il décide de l’accompagner, tout en le mettant en garde : « Chancel voulait tellement jouer au foot… Je me suis dit que c’était un don de Dieu, qu’il fallait le laisser faire et le soutenir. Mais je lui ai aussi expliqué qu’il devait avoir de la discipline s’il voulait réussir : éviter la boisson, le piment et les femmes. »

Long voyage, adaptation expresse

Au Congo, Chancel Mbemba enchaîne les clubs formateurs, ES La Grâce, Mputu puis MK Étanchéité, avant que son destin ne prenne un tournant décisif en 2011, lorsqu’il est repéré par le RSC Anderlecht. D’abord intégré à l’équipe espoirs, il gravit rapidement les échelons et, deux ans après son arrivée, frappe à la porte de l’équipe première. Le 28 juillet 2013, lors de la première journée de championnat, il fait ses débuts professionnels. Pas besoin de période d’adaptation puisque sa première saison est celle de la révélation mais aussi de la confirmation. En 40 matchs toutes compétitions confondues, il cumule 3 250 minutes de jeu, inscrit 6 buts (dont un en Ligue des Champions face au Benfica) et délivre une passe décisive. Cerise sur le gâteau, Anderlecht est champion de Belgique, offrant au Congolais le premier titre de sa carrière.

Basile, supporter des Mauves, se souvient d’une première saison impressionnante : « Malgré son âge, il est vite devenu titulaire et surtout régulier, ce qui est assez rare à son poste et à son âge. Il a rapidement montré des qualités physiques impressionnantes, un bon engagement et une relance pas mauvaise, dans un Sporting qui ne jouait pas beaucoup sur ça », avoue-t-il.

La deuxième saison suit la dynamique de la précédente pour le roc congolais. Elle se conclut par 37 matchs durant lesquels il dispute 3 280 minutes. Son passage est perçu comme une réussite du côté des fidèles du Lotto Park : « C’est un très bon passage et complet avec un titre à la clé dont il a été un bon pilier. On était tristes de le voir partir mais c’était assez évident qu’il n’allait pas faire sa carrière chez nous. Il y a eu plusieurs rumeurs de retour au Sporting et il n’a jamais caché qu’il s’était vraiment plutôt attaché au club et à la ville. Il pourrait y revenir un jour, nous confie-t-il avant d’évoquer un joueur « au-dessus du lot ». En Belgique, il était clairement au-dessus, mais on se disait plutôt qu’il serait un bon joueur du ventre mou de Premier League. Il était très bon mais ne montrait pas non plus des qualités hors normes qui nous permettraient de le voir beaucoup plus haut. »

Newcastle, expérience mitigée

À l’été 2015, il signe un contrat de cinq ans avec Newcastle pour un montant estimé à 4,5 M€. Dès son premier match, où il se présente en smoking, Chancel Mbemba marque les esprits et devient rapidement l’un des piliers de St James’ Park. Toutefois, les deux exercices suivants se révèlent plus compliqués, puisqu’il ne dispute que 24 rencontres en deux saisons. Après trois saisons, 59 matchs et un titre de champion de Championship, le défenseur congolais s’envole vers de nouveaux horizons.

Au Portugal, Chancel excelle

Le 23 juillet 2018, Chancel Mbemba s’engage pour quatre saisons avec le FC Porto. Sa première année, marquée par un temps de jeu limité (8 apparitions seulement), sert surtout d’adaptation. Mais dès l’exercice 2019-2020, il s’impose comme une évidence en défense centrale aux côtés de Pepe. Solide et régulier, il réalise une saison pleine, conclue en apothéose par un triplé historique : Championnat, Coupe du Portugal et Supercoupe. En finale de Coupe, il se distingue même en inscrivant un doublé. Au total, il dispute 42 rencontres cette saison-là.

Lors des deux campagnes suivantes, il confirme son statut de cadre des Dragões, totalisant près de 8000 minutes sur ces deux exercices. Il conclut son passage au Portugal par un nouveau doublé Coupe-Championnat. Alexandre Carvalho voit son passage au FC Porto comme une réussite : « Il est arrivé comme un joueur à relancer. Son passage à Porto a été plus que réussi, il s’est imposé comme un titulaire indiscutable et comme l’un des meilleurs défenseurs du championnat portugais.«

Chancel Mbemba, rempart de la cité phocéenne

En 2022, après quatre saisons passées au FC Porto, Chancel Mbemba s’engage librement à Marseille pour trois saisons, jusqu’en juin 2025. Au Vélodrome, le Congolais va rapidement faire l’unanimité. Sous la houlette d’Igor Tudor, il ne manque aucun match pour blessure. Titulaire à 32 reprises, il représente la fiabilité.

En Ligue des Champions, il pose les mêmes bases qu’en Ligue 1. Axel, supporter de l’OM, se souvient de ces nuits européennes illuminées par le défenseur congolais : « Ses buts contre Tottenham et le Sporting Portugal sont mémorables. Ils ont été très importants pour l’OM et démontrent tout l’apport offensif qu’il avait lors de son passage à Marseille, assure le supporter marseillais avant de souligner la performance XXL qu’avait lâchée Chancel Mbemba face à l’éternel rival. Comment ne pas évoquer son match face au PSG en Coupe de France ? J’avais rarement vu un défenseur aussi fort à l’OM, il était infranchissable et partout sur le terrain. Ce soir-là, c’était fou.«  De son côté, Bouba partage l’avis d’Alex : « Sa première saison était assez folle. Buteur deux fois en Ligue des Champions, cinq fois en Ligue 1, solide défensivement, c’était super impressionnant ! »

Buteur à 7 reprises, lauréat du Prix Marc Vivien-Foé 2023 et membre de l’équipe type de la saison de Ligue 1, Chancel Mbemba s’impose rapidement comme l’un des chouchous de l’Orange Vélodrome. Mais à l’issue de l’exercice 2022-2023, Igor Tudor quitte le club, remplacé par Marcelino. Le nouvel entraîneur ne parvient pas à relancer la machine : après seulement 9 points pris en 7 journées de championnat, il claque la porte en septembre. Gennaro Gattuso lui succède, sans que ce changement ne bouleverse positivement la saison marseillaise. De son côté, Chancel Mbemba est un peu la seule satisfaction sur le rectangle vert, comme nous l’explique Bouba : « Mbemba est resté solide et régulier malgré les difficultés de l’OM. C’était l’un des rares cadres à maintenir son niveau et à être une vraie satisfaction individuelle. »

Durant cette saison, une lumière : le parcours en Europa League. Les Marseillais réalisent un parcours historique. Alors qu’ils sont aux portes de la finale, ils échouent face à l’Atalanta Bergame. Buteur au match aller (1-1), Chancel Mbemba a marqué les esprits durant cette campagne : « Son but contre l’Atalanta était extraordinaire. En demi-finale d’Europa League, c’était magique ! » nous confie Bouba, nostalgique de ce moment.

Un Léopard mis au placard

L’intersaison vire au feuilleton pour Chancel Mbemba. Alors qu’Al Shabab met sur la table une somme conséquente pour racheter la dernière année de son contrat, le défenseur congolais campe sur ses positions : ni départ, ni baisse de salaire. Le bras de fer s’intensifie et Mbemba est envoyé en équipe réserve. Le conflit prend une tournure plus sérieuse lorsque le joueur refuse de s’entraîner et se brouille avec un dirigeant, allant jusqu’à un geste déplacé. Suite à cet événement, il est mis à pied et retiré de l’équipe première. Malgré tout, la Ligue de Football Professionnel s’est immiscée dans le dossier, ordonnant sa réintégration. Bien que réintégré, il ne disputera plus une minute sous le maillot phocéen.

Axel donne son avis sur la situation : « Personnellement, avec mon point de vue de supporter, je trouve que l’OM a fait une erreur avec cette mise à l’écart en début de saison. J’aurais aimé qu’elle n’arrive jamais et qu’on puisse compter sur lui. Avec Chancel dans l’équipe, on aurait sûrement vécu une saison bien différente au vu des problèmes défensifs qu’on avait cette année-là. Mais une fois l’altercation, avec des propos irrespectueux de la part du joueur, c’était fini. Plus moyen de revenir en arrière, et la mise à l’écart était plus que nécessaire pour faire respecter l’institution, même si je trouve ça dommage car j’aurais aimé que son histoire avec l’OM se termine de la meilleure des manières. »

Pilier en sélection

Le 15 juin 2012, sans avoir encore disputé la moindre rencontre en club chez les professionnels, Chancel Mbemba honore sa première sélection avec la RD Congo face aux Seychelles. L’année suivante, il découvre la Coupe d’Afrique des nations, mais c’est en 2015 que les Léopards marquent véritablement les esprits. Troisième de la compétition, Mbemba joue alors l’intégralité des rencontres. Il participera ensuite aux éditions 2017 et 2019 de la CAN, confirmant son rôle incontournable en sélection.

Jordi, community manager de la page Actu Foot RD Congo, nous parle du rôle et du statut du défenseur au sein de la sélection : « Chancel Mbemba a toujours été un cadre incontournable de la sélection. Avec plus de 70 sélections, il est le joueur le plus capé de l’effectif actuel. C’est un joueur calme, respectueux, même lorsqu’il se retrouve sur le banc, ce qui reste très rare. Il n’a jamais causé de problème au sein de l’équipe nationale, ce qui témoigne de son professionnalisme et de son attachement au maillot, nous confie-t-il avant d’évoquer sa mise à l’écart par l’Olympique de Marseille. Ça a été un moment difficile à vivre pour lui. C’est un joueur qui aime, sur le terrain, apporter ses qualités au sein de l’équipe. Nous avons également mal vécu ce moment, ce n’est pas évident de voir l’un de nos meilleurs défenseurs, voire notre meilleur joueur sur le banc alors qu’on a besoin de lui à 100 %, c’était frustrant. »

Mbemba, le défenseur qui sait (presque) tout faire

Chancel Mbemba est un défenseur complet. Impressionnant dans le duel où il parvient à doser son agressivité, le rempart congolais est aussi investi sur le plan offensif.

« Chancel Mbemba c’est un roc », lâche Alex. Il met beaucoup d’impact dans ses duels. C’est un défenseur qui aime rester debout, il fait peu de tacles glissés et d’interceptions. Mais, malgré l’agressivité qu’il peut mettre, il est toujours très propre dans ses interventions. Par ailleurs, il dispose d’une belle pointe de vitesse qui lui permet de tenir tête à la plupart des attaquants du championnat. Et quand il tombe sur un attaquant plus rapide que lui, il sait combler son manque de vitesse par son placement. C’est un joueur intelligent et un véritable leader, assure le supporter marseillais.

Néanmoins, la vraie force du défenseur congolais se trouve dans son jeu vers l’avant pour Alex : « Son véritable atout, c’est son apport offensif. À l’OM, il faisait beaucoup progresser le jeu par ses courses. Il n’hésite pas non plus à monter et à jouer haut sur le terrain, à faire des appels et à dédoubler pour apporter un surnombre en attaque. C’est également un véritable danger sur les CPA offensifs. Il a un très bon jeu de tête et est souvent décisif sur corner. »

De son côté, Jordi poursuit en insistant sur la force mentale du joueur : « C’est un leader naturel qui est respecté par le vestiaire. Il a une mentalité de guerrier et est toujours pleinement investi. Son expérience est aujourd’hui à considérer comme l’une de ses qualités premières. Il a participé à de grandes compétitions (CAN, Ligue des Champions…) ce qui lui permet d’avoir cet apport dans le vestiaire. »

Cependant, Chancel Mbemba dispose d’un certain nombre de défauts, qui peuvent être préjudiciables dans le schéma de jeu imposé par Bruno Genesio. « Son point faible selon moi, c’est son jeu de passe. Sa qualité de passes est moyenne et ça se ressent dans des schémas de jeu très basiques. Il effectue beaucoup de passes courtes, arrières ou latérales, sans aucune prise de risques », avoue le supporter marseillais.

Mbemba au LOSC, un pari risqué ?

Avec l’arrivée du défenseur de 31 ans, Bruno Genesio reçoit un beau cadeau d’anniversaire, lui qui souhaitait tant renforcer ce secteur. Mais, après plus d’un an sans jouer, est-ce une bonne pioche ?

Pour Alex c’est un oui, malgré une réserve émise sur son état de forme : « Pour moi, c’est une super recrue pour le LOSC. Il a beaucoup d’expérience, connaît le championnat et rentrera parfaitement dans le système de Bruno Genesio. Chancel Mbemba fera un grand passage chez vous, et vous l’adopterez aussi vite que nous l’avons fait, j’en suis convaincu !, sourit-t-il. Néanmoins, je pense que le facteur clé sera sa condition physique dans laquelle il sera à son arrivée. Cela risque de déterminer la qualité de son passage à Lille. Mais, s’il s’est maintenu en forme physiquement, il retrouvera très rapidement le niveau qu’il avait chez nous, c’est certain. »

Avec ce nouveau renfort, le LOSC densifie son secteur défensif. Bruno Genesio trouve, de son côté, un élément fort, capable d’apporter expérience, stabilité et profondeur. Son vécu, en plus des bons conseils d’Aïssa Mandi, pourrait s’avérer précieux pour Alexsandro et Nathan Ngoy.

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