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·8. Oktober 2025
Contrats professionnels : le MHSC fait-il fausse route sur certains profils ?

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La formation a toujours été un des piliers du Montpellier Hérault. Mais, faute de moyens et étant dans l’obligation de faire des paris sur l’avenir, le club ne s’est-il pas quelque peu emballé sur certains joueurs qui ont d’ores et déjà sauté le grand pas en paraphant leur premier contrat ?
Axel Gueguin a fait neuf apparitions en Ligue 1 entre octobre 2022 et octobre 2024
De Laurent Blanc et des frères Passi au début des années 1980 jusqu’à Joris Chotard et Maxime Estève dans la décennie actuelle, en passant par les jeunes pousses finalistes de la Coupe de France 1994, Ibrahima Bakayoko vainqueur de la Gambardella 1996 et bien entendu la génération dorée ayant décroché le Graal en 2012, nombre de gamins formés à Grammont ont connu ou connaissent actuellement une carrière professionnelle méritante.
Club modeste aux moyens limités, le MHSC a toujours compté sur son centre de formation pour fournir l’équipe fanion et pour se maintenir à flot financièrement grâce à des ventes parfois juteuses. Il est donc tout naturel que les attentes soient importantes vis-à-vis de la réserve et des équipes de jeunes.
Toutefois, ces derniers temps, des interrogations émergent au fur et à mesure que certains jeunes passent professionnels. Ont-ils réellement le niveau ? N’y a-t-il pas eu précipitation ou manque de discernement de la part de la direction au moment de leur soumettre leur premier contrat ? Plusieurs noms viennent aujourd’hui à l’esprit et peuvent être classés dans des catégories différentes : Wilfried Ndollo Bille, Yvan Djemba Mbappé, Axel Guéguin, Yanis Issoufou, voire Enzo Tchato et Lucas Mincarelli.
La première catégorie concerne les deux premiers qui, selon des observateurs de la réserve, ne semblent pas du tout au niveau.
Wilfried Ndollo Bille avait été convoqué la saison dernière dans le groupe et avait fait tout de même huit apparitions en Ligue 1, où il avait bu la tasse. Néanmoins, comme l’ensemble de l’équipe était en immense difficulté, il était ardu d’identifier le réel niveau d’un nouveau venu. À ce jour, il semble avoir également avoir été doublé par Isyak Mohamed dans la hiérarchie de l’équipe de réserve.
Yvan Djemba Mbappé, quant à lui, n’a pas même joué une seule minute avec l’équipe professionnelle. Alors que nous manquons d’un numéro 6, il y a fort à parier que s’il avait les épaules, il aurait au moins figuré une fois ou deux dans le groupe. Par ailleurs, comme nous vous l’annoncions lundi, le malheureux vient d’être victime d’une rupture des ligaments croisés. Si ce triste événement est hélas courant dans le football et que nous lui souhaitons un prompt rétablissement, il n’en demeure pas moins que cela ajoute encore une couche au ralentissement de la progression du néo-professionnel.
Les deux joueurs ayant « déjà » 20 ans, comment expliquer qu’ils se soient vu offrir un contrat cet été ? À leur âge, un Joris Chotard, par exemple, était déjà titulaire de longue date.
La seconde catégorie pourrait concerner Axel Gueguin et Yanis Issoufou. Joueurs prometteurs, les deux jeunes ont été freinés par des blessures au moment où ils semblaient pouvoir prétendre toquer à la porte de l’équipe première.
Les premières apparitions de Gueguin, d’ailleurs plutôt encourageantes, datent même d’il y a trois ans, en octobre 2022 sous Olivier Dall’Oglio. Celui qui est présenté comme le protégé d’Antoine Griezmann a désormais 20 ans, lui aussi.
Yanis Issoufou, pour sa part, est un peu plus jeune (18 ans) et son cas laisse entrevoir davantage d’optimisme, bien qu’il ait rechuté après avoir été blessé une première fois. Aujourd’hui, Issoufou joue régulièrement avec la réserve, mais Zoumana Camara ne semble absolument pas le considérer comme une option pour la Ligue 2.
Gueguin pourrait, lui, faire valoir son profil d’ailier à l’heure où Coulibaly a fait ses valises et où Sishuba, toujours blessé, a davantage un profil d’axial. Mais il est encore une fois gêné par une lésion depuis le mois de janvier, cette fois-ci au thorax. Le chemin de croix continue donc pour lui.
Ce qui interroge ici, pour Gueguin comme pour Issoufou, c’est le timing : pourquoi leur offrir au printemps dernier ce fameux sésame, alors même que les deux n’ont plus joué en pro depuis de longs mois et semblent cantonnés à la réserve de Frédéric Garny ou à l’infirmerie, cette saison encore ?
Enfin, la dernière catégorie regroupe des joueurs ayant déjà une certaine expérience du monde pro : Lucas Mincarelli et Enzo Tchato.
Le premier avait fait des premières foulées très prometteuses en Ligue 1 en 2023/24, au moment où Issiaga Sylla, parfois peu concerné par le sort du club, semblait balancer entre blessures réelles et blessures diplomatiques. Hélas pour le joueur arrivé d’Istres, qui a connu un exercice 2024/25 tronqué en raison d’une grave blessure, son retour, dans une équipe en pleine déroute, a été difficile. Le plus inquiétant, c’est que son début de saison actuel semble confirmer cette nette baisse de régime. Dans son cas cependant, difficile d’en vouloir au club d’avoir « verrouillé » un jeune au printemps 2024, alors même qu’il avait montré un niveau de jeu, pour le coup, réellement intéressant.
Le second, quant à lui, joue déjà sa quatrième saison avec les pros (cinquième si on compte ses bancs de touche sans entrée en jeu, en 2021/22). Ici, le problème principal est le manque de concurrence sérieuse au poste. Souvent critiqué, à juste titre, pour ses prestations limites, l’international camerounais s’était vu proposer un contrat professionnel trois mois avant ses débuts réels en Ligue 1. Un an plus tôt, le Montpellier Hérault laissait filer Thibaut Vargas à Châteauroux. Vargas qui était d’ailleurs passé pro en 2019 à Montpellier et presque jamais utilisé (il l’avait été trois fois juste avant l’arrêt des compétitions pour cause de Covid-19). Aujourd’hui, ce dernier est un solide titulaire au Stade Lavallois. Bien sûr, avec des « si », on refait le monde. Peut-être qu’à l’époque, Vargas ne montrait pas suffisamment qu’il avait les capacités de s’affirmer plus tard comme un robuste latéral de L2. Peut-être que le coronavirus était venu stopper sa progression. Peut-être… N’empêche qu’aujourd’hui, quand on compare les deux joueurs, il y a de quoi nourrir quelques regrets.
Enzo Tchato lors de son premier match en professionnel contre Troyes le 7 août 2022
Enfin, si on se penche sur un passé relativement récent, des choix étranges de ce type étaient déjà assez courants au club : ainsi, Amir Adouyev, passé professionnel en 2018 ; Bastian Badu, en 2019 ; Yanis Guermouche, en 2021 ; Sacha Delaye, en 2022 après trois matchs ; Clément Vidal, en 2017, deux ans et demi avant l’une de ses trois apparitions avec son club formateur. Autant de cas qui interrogent, avec parfois même des prolongations de contrat en cours de route. Autant de joueurs qui n’ont pas ou extrêmement peu eu l’occasion de se montrer avec l’équipe A. Ou qui, lorsqu’il l’ont fait, ont déçu. Certains n’ont même jamais fréquenté le monde professionnel par la suite, ou dans des pays où les championnats pros sont très en dessous en termes de niveau.
La question qui émerge est la suivante : à moins qu’un potentiel hors du commun ne soit décelé (comme Camavinga à Rennes qui avait signé pro à 16 ans), ne vaudrait-il pas mieux attendre que les joueurs aient déjà montré sur le terrain, lors d’entrées avec les pros, qu’ils avaient les épaules pour prétendre faire carrière au haut niveau, avant de leur offrir un contrat effectivement ?
Alors, à quoi peut-on imputer ces choix ? Au besoin de parier sur des potentiels dont on espère tirer quelques deniers ? À la nécessité de miser sur des jeunes en espérant une progression, faute de pouvoir dépenser sur le marché des transferts ? À une tendance à récompenser trop prématurément des joueurs de la formation, sans avoir l’œil toujours très avisé ? En tout état de cause, rares sont les jeunes récemment passés professionnels sur lesquels Papus Camara et son staff semblent compter à ce jour, car ils n’ont probablement pas, ou pas encore, le niveau. Et c’est rageant tant la formation est dans l’ADN du MHSC et tant cet effectif, parfois en souffrance même en Ligue 2, aurait besoin d’être étoffé.